SUCCESS STORY : Robotination , éveiller les sciences, briser les stéréotypes »

L’initiative Terra Numerica, tiers lieu fédératif d’activités scientifiques de popularisation, et l’auto-entreprise SNJL,  qui crée des objets scientifiques pour réaliser des activités de découvertes scientifiques, et que nous avions déjà présentées sur ce site se mettent au service de l’équité sociale, dont l’égalité des genres.

On s’initie aux sciences du numérique pour permettre à nos enfants de comprendre et maîtriser leur monde où se développe l’informatique, la robotique et l’intelligence artificielle.

UN PROJET DE … « ROBOTINATION » ?

Un robots fabriqué par une enfant des quartiers de Nice (toutes les photos sont produites par les autrices sous licence CC-BY).

Comme on l’expliquait précédemment, on  propose une démarche où les enfants découvrent l’informatique en construisant leur propre robot, tout en émaillant la demi-journée de petites activités débranchées de découverte des concepts informatiques : algorithme, codage de l’information, etc. 

On y démystifie robotique et intelligence artificielle : des algorithmes devenus suffisamment complexes pour effectuer des tâches qui auraient été intelligentes si elles avaient été faites par un humain.

Vue d’une salle de une classe où on découvre la robotique concrètement en construisant son propre robot, on voit projeté au tableau quatre grands personnage historiques de la science informatique, alternant découverte de cette science et travail concret au cours de la demi-journée.Pour toutes et tous. En parlant des femmes et des hommes qui ont fait l’informatique, en donnant spontanément des rôles actifs aux filles et aux garçons qui pratiquent cette activité, en explicitant que cette activité est créé et animée par une jeune femme qui est animatrice scientifique et maçonne professionnelle à temps partiel (sic), en évaluant notre discours et notre pratique quotidienne à l’aune des conseils des collègues qui font de l’égalité des genres leur travail de recherche comme partagé ici, l’égalité des genres est pas “un truc ajouté en plus” mais est totalement consubstantiel à la pédagogie implémentée. Il est important d’agir le plus tôt possible, dès l’âge de l’école primaire, lorsque  les stéréotypes ne sont pas ancrés. En intervenant aussi tôt, on aide un peu à déconstruire les stéréotypes, cause des inégalités, comme l’explique Isabelle Collet dans cet article.

Une animation en plein quartier populaire multi-culturel en partenariat avec les Petits Débrouillards.

Avec une démarche issue des sciences de l’éducation. Pour découvrir la programmation robotique, on propose donc d’éteindre les écrans et d’aller jouer au robot ou d’en construire un. Cela permet de comprendre que les notions scientifiques vont au-delà de telle ou telle technologie. Cela permet aussi de garder toutes ses ressources cognitives pour l’apprentissage de ces notions, sans avoir le poids de l’apprentissage d’outils logiciels, comme expliqué ici.
Apprentissage de savoir et de savoir-faire, c’est aussi aider à acquérir des savoir-être par rapport au numérique. Utiliser une approche en faisant précéder une activité d’initiation à un concept informatique par la construction de l’objet tangible (ce petit robot en utilisant du matériel recyclé) ou imaginaire (on imagine ensemble un dispositif au delà de la maquette pour l’étudier en pensée présente  un grand intérêt en matière d’engagement de la personne apprenante, et du développement de la métacognition*.

Le modèle passif-participatif formalise bien ce qui est mis en oeuvre dans le projet robotination. De Margarida Romero, chercheuse en science de l’éducation.

(*) métacognition revient ici à apprendre à apprendre, ceci dès le primaire (à partir de 7 à 8 ans, dès la mise en place du comportement « petit-maître·sse » au sens de l’analyse transactionnelle, quand l’enfant commence à jouer à l’enseignant·e), en impliquant à la fois dans la co-construction pédagogique (ex: comment pourrions nous t’aider à apprendre cette notion) et son évaluation (ex: comment améliorer la façon de t’aider à apprendre).

Réalisation de puzzles mathématiques pour manipuler concrètement des notions abstraites, on joue avec un boulier, et on voit que les familles ont été invitées à la restitution et à partager ces petits bouts de science avec les enfants.

En accompagnant les enfants au-delà de la rencontre ponctuelle. Une initiation sympa, ok, et après ? Grâce au fait que nous soyons au sein de Terra Numerica, que nous mettions au service du Centre Pilote de la Main à la Pâte de Nice, et aux Petits Débrouillards en PACA Est, et des Professeur·e des Écoles ou des Centres Péri-Scolaires, que nous restons au contact pour aiguiller les enfants vers d’autres activités selon leurs appétences,  nous avons pu à la fois faire bénéficier de cette démarche, depuis deux ans, plus de 1000 enfants, majoritairement issu·e·s de publics écartés, mais aussi participer à un accompagnement collectif plus large sur le territoire.
Collaborant avec des jeunes collègues qui travaillent en science de l’éducation on peut aussi évaluer (au sens de voir comment améliorer l’existant et le faire évoluer avec les besoins observés) le travail effectué.

EN QUOI LA FONDATION BLAISE PASCAL EST-ELLE UN LEVIER ?

Le support de la Fondation Blaise Pascal (FBP) a permis de lancer le projet : montrer des premiers résultats pour solliciter d’autres soutiens, par exemple régional, possibles une fois que nous sommes devenus visibles. Cela a eu un impact significatif, notamment en permettant à des centres péri-scolaires de financer des activités supplémentaires pour d’autres enfants (à hauteur de plus de 50% sur ces centres). Cette dynamique nous permet également d’investir dans le développement de nouvelles activités.

Bénéficier d’un financement pérenne sans “faire toujours du nouveau” (c’est trop souvent le cas sur d’autres appels à projet) permet aussi d’atteindre des publics plus difficiles dans des interstices qui n’était pas atteignables sans un nouveau financement public et de travailler sur la durée avec les équipes éducatives. Toute personne connaissant la métropole niçoise reconnaitra ces lieux  où garantir l’égalité des chances nécessite des ressources vraiment plus importantes.

En matière de moyen, notons aussi la diversité des modèles économiques en jeu, possibles grâce à la souplesse et la confiance de la FBP, non sans la nécessaire rigueur que nous ne manquons pas de nous imposer. Un des points est de travailler non pas à travers une organisation avec des inévitables coûts de structure, mais en soutenant de l’auto-entrepreneuriat sans surcoût de fonctionnement, permettant que le financement aille directement au travail de terrain avec les enfants. L’autre est de bénéficier du tissu local (participation de collègues de la recherche, accès à un fablab bien équipé), qui permet au financement de se doubler d’apports en industrie qui permettent de bien travailler.

On a aussi pu faire en plus des activités en famille à faible coût avec une petite contribution (20€ pour une demi-journée, bien évidemment en dehors du financement FBP mais grâce à lui pour se faire connaître).

Financer la médiation scientifique est un défi perpétuel, la pluralité des solutions en est peut-être une clé. Ce financement de la médiation scientifique a un impact majeur en diffusant la culture scientifique  auprès du plus grand nombre. Ce défi défi reste majeur et permanent et contribue ainsi au développement des compétences du 21e siècle vers une société toujours plus inclusive.

Article écrit par l’équipe de Terra Numerica