Découvrez le portrait d’Olga Paris-Romaskevich, bénévole à la Maison des Mathématiques et de l’Informatique de Lyon
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Découvrez tous les mois les portraits de bénévoles qui œuvrent pour la médiation scientifique en mathématiques et informatique !
Découvrez le portrait d’Olga Paris-Romaskevich, bénévole à la Maison des Mathématiques et de l’Informatique de Lyon
– Quel est votre parcours ?
Je suis mathématicienne de formation. Mon parcours a commencé en 2003, en Russie, à Moscou, dans une école spécialisée en mathématiques où j’ai eu la chance de fréquenter des chercheurs en mathématiques. Je participais aussi régulièrement aux différentes olympiades de mathématiques. Puis, j’ai intégré la faculté de mathématiques et de mécanique de l’Université d’État de Moscou. Cinq ans plus tard, j’ai entamé une thèse en co-tutelle, entre l’École des Hautes Études en Sciences Économiques à Moscou et l’ENS de Lyon. Lors de ma thèse, j’ai commencé à travailler dans le domaine des systèmes dynamiques. De façon imagée, ce domaine étudie le mouvement dont la chorégraphie serait régie par les mathématiques. Après ma thèse, j’ai été d’abord ATER à l’ENS de Lyon et puis chercheuse post-doctorale à l’Université de Rennes 1 (où je suis encore actuellement). Depuis quelques années, je m’implique beaucoup dans la vie de la communauté mathématique ainsi que dans la diffusion des mathématiques sous différentes formes. Entre autres, j’ai participé à la création d’une pièce de théâtre autour des sœurs Boole, Lettres de la quatrième dimension, du site Mathématiques du ciel, et j’ai fait des nombreuses conférences de vulgarisation, de formats plus – ou, surtout moins ! – conventionnels. J’ai aussi un parcours amateur de comédienne et de réalisatrice. En découvrant petit à petit, en partie grâce à mon activité de diffusion et à mon travail de recherche, le processus créatif, j’ai décidé de me consacrer à partir de l’année prochaine à la création artistique, sans jamais oublier la joie des mathématiques. J’ai vu lors de mon parcours des mathématiques aussi belles qu’inoubliables, et j’ai envie de les partager.
– Qu’est-ce que la Maison des Mathématiques et de l’Informatique de Lyon (MMI) pour vous ? Quelles sont les activités que vous animez ?
La MMI pour moi c’est tout d’abord ses valeurs : l’amour de la science et l’idée que la science est ouverte à tout le monde. Et puis, c’est aussi un endroit, une Maison, où je peux toujours venir, voir une exposition en cours, discuter des mathématiques… Et surtout, ce sont les hôtes qui font la Maison – toutes les personnes qui s’engagent dans les activités, qui sont souvent peu récompensées pour leur travail (et je ne parle pas que de l’argent !), juste parce que cela leur est important.
Mon engagement dans les activités de la MMI a commencé en 2014 quand j’ai lancé le Séminaire de la détente mathématique. Il visait à créer un espace de partage entre étudiant.e.s, doctorant.e.s et chercheurs/ses en mathématiques. Je rêvais d’une initiative qui pourrait réunir des amoureux des mathématiques qui n’avaient pas d’autres occasions de se rencontrer et de se sentir faire partie d’une seule communauté. Je voulais trouver une façon de travailler la qualité des exposés, de façon commune. Petit à petit, le groupe d’organisateurs a grandi au fur et à mesure que l’événement a pris de l’ampleur, en grande partie grâce à Marie Lhuissier. Ce séminaire existe encore à ce jour et est nourri par une nouvelle génération d’organisateurs.
Depuis septembre 2018, j’anime un ciné-club Rencontres CinéMaths (même si dans mon cœur je l’appelle Cinémathémathèque), né avec un partenariat entre la MMI et le cinéma Comœdia à Lyon. Il y a eu en 2018-2019 environ 5 projections, des samedis matins pour l’instant. Après la projection d’un film suit une discussion avec le public et un.e invite.é scientifique autour des thèmes du film. Pour moi, ces rencontres ont de nombreux buts. Tout d’abord, apporter le regard scientifique sur les histoires racontées, ce qui permet souvent de prendre du recul et voir à quel point le sens de l’histoire peut être changé en suivant la façon dont elle est contée. Puis, de montrer que des scientifiques (et en particulier, des mathématiciens !) existent, et de combattre (j’espère) quelques préjugés. Par exemple, montrer que les scientifiques savent parler d’autre chose que de la science ! Et aussi, de façon un peu plus personnelle, ces rencontres répondent à mon besoin de connecter la science et l’art.
– Pourquoi vous investissez-vous au sein de la MMI ? En quoi est-ce important pour vous de s’impliquer dans la médiation en mathématiques et en informatique ?
J’étais toujours consciente de ma responsabilité en tant que vulgarisatrice de donner une idée juste (si tant est que je l’ai moi-même ?), ou au moins sincère, de comment le monde mathématique fonctionne. Je voudrais surtout transmettre comment on ressent de l’intérieur la recherche en mathématiques. Comme je me prépare au changement de parcours, je sens que cette responsabilité grandit, ainsi que mon envie de la prendre. Je pense aussi que le monde a besoin de voir des scientifiques et d’entendre la parole de la science. Que la science s’arrête à servir à l’Homme-consommateur et qu’elle serve aussi à protéger la planète, donner des outils de réflexions et réduire les souffrances. Nous avons tous besoin de comprendre et d’expliquer le monde, et la science est un des outils qui le permet. Il y a, bien sûr, les croyances, les opinions, les idées. Mais l’outil scientifique est nécessaire pour accéder à la vérité et sortir de la conception du monde qui ne se base que sur des opinions. Pour cela, l’outil de la science doit être accessible à chacun et chacune. Et pour cela il faudrait d’abord que des gens n’aient plus peur de la science (et en particulier, des mathématiques…). Mes activités de vulgarisation visent toutes à changer les a priori sur les mathématiques et sur les mathématiciens, et de donner envie aux personnes de poser des questions et de chercher des réponses eux-mêmes, de leur donner la confiance que la science n’est pas un monstre et qu’elles peuvent l’apprivoiser.
– Que préférez-vous dans cette activité ?
Pour organiser les Rencontres CinéMaths, je regarde au préalable des films chouettes, j’échange avec des scientifiques invités pour préparer la discussion, et puis je partage ce que j’ai compris et ressenti avec les personnes qui viennent aux rencontres CinéMaths. Cinéphile et passionnée de sciences, j’aime aussi parler devant un public, donc j’adore chaque étape du processus. Réfléchir, apprendre, échanger, partager : ce sont parmi les choses que j’aime le plus dans la vie. Je fais donc ce travail avec un grand plaisir.